Il ne s’agit pas ici de résumer le très riche parcours de Winston Churchill mais seulement d’éclairer quelques faits particuliers, parfois peu connus, qui devraient permettre de voir un peu autrement ce très singulier personnage historique.
Par C.R.
Publié le 10/09/2025
Dernière modification le 19/09/2025
Winston Churchill photographié (le 30 décembre 1941 à Ottawa) par Yousuf Karsh, qui a intitulé ce portrait Le Lion rugissant (The Roaring Lion). Le surnom de Churchill était en effet « Le Vieux Lion ». Sur cette photo, il a l'air en colère et il l'était vraiment : contre le photographe qui lui avait pris son cigare, d'autorité, parce que la fumée posait un problème de prise de vue et que Churchill refusait de l'éteindre. Un tirage original (signé par le photographe) a récemment été volé (et remplacé par une copie dans un grand hôtel d'Ottawa), vendu, acheté puis restitué. Aïda Semlali (pour Radio Canada) raconte cette incroyable histoire (pas terminée). Photographie : domaine public, via Wikimedia Commons.
Winston Churchill (son nom complet était Winston Leonard Spencer-Churchill) a reçu le prix Nobel de littérature en 1953, « pour sa maîtrise de la description historique et biographique ainsi que pour ses discours brillants pour la défense exaltée des valeurs humaines ».
D’après l’historien François Kersaudy, Churchill a en effet été l’un des plus grands écrivains anglais du XXe siècle, aussi bien par ses discours que par ses articles en tant que correspondant de guerre et par ses ouvrages très divers, notamment les six volumes de ses Mémoires sur la Deuxième Guerre mondiale (The Second World War) et les quatre volumes de son Histoire des peuples de langue anglaise (A History of the English-Speaking Peoples).
Churchill avait certainement un rapport très fort au langage, ce qui ressent dans ses répliques humoristiques et dans son usage de formules marquantes – parfois tellement connues qu'il n'est pas utile de les rappeler ici. Il est même sans doute le seul politicien dont des discours enregistrés ont été classés au hit-parade pendant un certain temps (quelques semaines après sa mort en 1965). Sa difficulté à prononcer le « s » ne lui avait d’ailleurs pas posé de problème, tout comme le bégaiement du roi Georges VI (qui fait l'objet du beau film de Tom Hooper : Le Discours d'un roi*) ne l’avait pas empêché de prononcer le discours d’entrée en guerre du Royaume-Uni contre Hitler en septembre 1939.
Winston Churchill était aussi un artiste peintre – tout comme son ennemi historique, Adolf Hitler. Ayant commencé à peindre à partir de 1915, il a signé plus de cinq-cents tableaux.
Une anecdote suggère qu'il avait un certain talent ; en 1922, alors qu’il peint en extérieur à Cannes, un passant se penche sur son chevalet, le félicite et l’encourage à persévérer dans la peinture. Il demande alors aux personnes présentes autour de lui qui est cet homme et on lui explique qu’il s’agit d’un Espagnol nommé Pablo Picasso. Il est d’ailleurs dommage que Picasso ne soit pas allé faire un tour à Munich à la même époque, pour conseiller à un autre peintre-politicien de s’en tenir à une carrière exclusivement artistique.
On dit souvent que Winston Churchill a décrit Mohandas Karamchand Gandhi comme un fakir séditieux à moitié nu. A-t-il dit exactement cela et, surtout, pourquoi : dans quel contexte et dans quel but ?
Même si ce propos engage des personnages historiques de la plus haute importance (Churchill et Gandhi) dans une série d’événements qui ont changé la face du monde (l’indépendance des Indes – autrement dit du Pakistan, de l’Inde et du Bangladesh – et le crépuscule de l’Empire britannique), il est relativement difficile d’y voir clair, parce que les citations sont souvent parcellaires, recombinées et non sourcées, avec des interprétations parfois biaisées.
L'enchaînement des faits principaux permet de mieux comprendre l’étrange remarque de Churchill sur Gandhi.
Le 6 avril 1930, à l’issue d’une longue marche (appelée a posteriori « marche du sel »), Gandhi, parti d’Ahmedabad avec 79 compagnons et désormais accompagné de milliers de sympathisants, recueille dans ses mains un peu d’eau salée au bord de l’Océan indien. Par ce geste symbolique, il propose aux Indiens de braver l’interdiction de récolter eux-mêmes du sel, alors que l’Empire britannique a le monopole de la vente de sel, avec un impôt auquel doivent se soumettre les Indiens.
Le 4 mai, suite à ce geste jugé comme un acte de sédition, il est emprisonné, tout comme 60 000 autres personnes coupables d’avoir fait évaporer de l’eau de mer pour récolter du sel. Il ne sera libéré que plusieurs mois plus tard.
Le 17 février 1931, Gandhi se rend au palais du vice-roi des Indes pour négocier un accord.
Le 23 février – donc 6 jours après cette rencontre entre le vice-roi des Indes et Gandhi –, Churchill prononce un discours au Council of the West Essex Unionist Association, avec la fameuse attaque contre Gandhi.
Le 24 février, le texte de ce discours est cité dans le journal The Times, sous le titre « Mr Churchill on India ».
Voici le passage en question :
« Cela donne à la fois le frisson et la nausée de voir M. Gandhi, avocat de l’Inner Temple [une des quatre associations d’avocats à Londres] qui se pose désormais en fakir séditieux semblable à ceux qu’on connait bien en Orient, gravir à moitié nu les marches qui mènent au palais du vice-roi, tandis qu’il continue d’animer et de diriger une campagne de défiance et de désobéissance civile, pour y négocier d’égal à égal avec le représentant du roi-empereur. »
(« It is alarming and also nauseating to see Mr. Gandhi, an Inner Temple lawyer, now become a seditious fakir of a type well known in the East, striding half-naked up the steps of the Viceregal Palace, while he is still organizing and conducting a defiant campaign of civil disobedience, to parley on equal terms with the representative of the King-Emperor. »)
Churchill adresse ainsi contre Gandhi trois critiques principales, qui sont toutes des accusations de duplicité.
La première critique porte sur la communication de Gandhi : Churchill suggère qu’il s’est créé un personnage correspondant à un type de sage oriental pour avoir du succès aux Indes, alors même qu’il a été avocat dans le cadre éminemment londonien de The Honourable Society of the Inner Temple – dont le nom lui-même évoque une sorte de religion culturelle que ferait semblant de renier Gandhi selon le point de vue de Churchill. L'emploi du mot fakir renvoie surtout à une forme de spectacle de music-hall orientalisant à la mode à son époque.
Pourquoi avoir employé le mot fakir ?
(Et pourquoi le mot de Churchill a-t-il un rapport
avec un cousin de la mère de Charles Aznavour ?)
À l’origine, un fakir, est un ascète religieux. En effet, en Inde, un ascète musulman – en lien avec une forme de soufisme qui inspire aussi les marabouts d’Afrique du nord – est appelé fakir, tandis qu'un ascète hindou est appelé sâdhu. Ces ascètes nus ou à moitié nus avaient déjà frappé les Grecs – qui les ont appelés gymnosophistes, autrement dit « philosophes nus » – lors de la conquête d’Alexandre le Grand, vingt-trois siècles plus tôt.
Dans la société indienne, les fakirs et les sadhus sont généralement des mendiants qui, du fait de leur sainteté présumée – et pour subvenir à leurs besoins –, réalisent des prouesses (comme s’allonger sur une planche à clous ou se faire enterrer vivants) ou des actes qui semblent magiques (comme léviter ou grimper sur une corde non suspendue).
En Europe occidentale, certains néo-fakirs ont eu beaucoup de succès au music-hall, surtout dans les années 1920 (la décennie qui précède la critique de Churchill contre Gandhi). Le plus célèbre était Tahra-Bey (comme l’indique son véritable nom, Krikor Kalfayan, il était en réalité d’origine arménienne – et d’ailleurs cousin de la mère de Charles Aznavourian ou Aznavour – mais se présentait comme égyptien). Il réalisait différents tours en considérant qu’il ne s’agissait pas de magie mais d’un don développé par son travail sur lui-même (ce qui a été contesté par l’écrivain français (et illusionniste amateur) Paul Heuzé, qui a voulu démasquer diverses supercheries, notamment dans des ouvrages intitulés Fakirs, Fumistes et Cie en 1926 (réédité en 2005) et Les Fakirs indiens en 1927. Tahra-Bey était suffisamment connu pour avoir inspiré le personnage de Ragdalam le fakir à Hergé (qui l’avait d’abord nommé Tara Bouch Bey dans une note préparatoire) dans un album de Tintin : Les Sept Boules de cristal. Dernière précision : Tahra-Bey se vantait d’avoir soigné la femme du roi anglais Georges V.
Pour le rationaliste Churchill (qui était par ailleurs très ouvert à l’orient en général, à tel point que sa belle-sœur lui avait écrit pour lui demander de ne pas se convertir à l’islam, dans une lettre de 1907 découverte en 2014), un fakir était donc avant tout un mystificateur utilisant des talents de communication ou de prestidigitation et une mise en scène de lui-même pour manipuler un public non averti.
La deuxième critique de Churchill contre Gandhi porte sur une autre forme de duplicité : celle qui consiste à se rendre aimablement chez le vice-roi représentant la couronne impériale britannique pour négocier avec lui sans cesser de souffler sur les braises de la révolte.
Churchill critique enfin le fait de cultiver une image d’humilité très poussée tout en se faisant recevoir comme une sorte de souverain – « d'égal à égal » – dans un palais royal.
La réponse tardive de Gandhi à Churchill
Plusieurs années plus tard, en 1944, Gandhi a fait allusion au discours de Churchill de 1931 sur lui-même, dans une lettre, que voici :
Monsieur le Premier ministre,
On dit que vous désirez écraser le simple « Fakir nu », comme vous me décrivez. J’essaie depuis longtemps d’être un « Fakir », et être nu est une tâche plus difficile. Je considère donc cette expression comme un compliment, bien qu’involontaire. Je m’adresse donc à vous en tant que tel et vous demande de me faire confiance et de m’utiliser pour le bien de votre peuple, du mien et, à travers lui, pour celui du monde.
Votre sincère ami,
MK Gandhi
Le Times considérera en tout cas Gandhi comme l’homme de l’année 1931. En effet, c’est cette année-là – donc quelques semaines après sa libération et sa rencontre du vice-roi des Indes – qu’il se fera connaître dans toute l’Europe : à Paris, à Londres, à Genève et à Rome, où il verra Benito Mussolini mais pas le pape Pie XI, peut-être à cause de sa tenue.
À Londres, Gandhi est hébergé au Kingsley Hall, une sorte de refuge servant la soupe populaire (où se trouve aujourd’hui une fondation Gandhi) et il participe à la deuxième (il était en prison au moment de la première) table ronde (au palais Saint-James) sur la question de l’indépendance indienne. Les trois tables rondes successives ont lieu à l’instigation du premier ministre travailliste Ramsay MacDonald, auquel s'oppose bien sûr le député conservateur Churchill. C'est lors de cette deuxième table ronde que Gandhi déclare : « je veux une indépendance totale » (« I want complete independence »).
Effectivement, seize ans plus tard, en 1931, Gandhi, le petit homme à demi-nu, a bien réussi à obtenir l'indépendance indienne et donc à vaincre l’Empire britannique, qui avait été le plus grand empire de l’histoire de l’humanité, couvrant plus de 35 millions de km² en 1920, soit un quart des terres émergées à la surface de la Terre.
Le film Gandhi de Richard Attenborough a bien mis en images (le film a obtenu huit oscars) le parcours très étonnant de Gandhi, qui est, comme Churchill, un des personnages historiques les plus emblématiques du XXe siècle.
Gandhi représenté sur un mur de graffitis urbains (à La Rochelle).
© 2009 C. Rubin. Tous droits réservés.
Cependant, si Gandhi a eu raison contre Churchill en ce qui concernait l’indépendance indienne, Churchill a eu raison contre Gandhi en ce qui concernait l’Europe.
En effet, les lettres de supplications – au nom de la non-violence – adressées par Gandhi à Hitler (dans son article pour Les Inrockuptibles, Louise Hermant en a cité quelques extraits) peuvent être considérées comme naïves (il faut une grande méconnaissance géopolitique, idéologique et psychologique pour imaginer qu'une gentille lettre amicale pourrait interrompre le projet d'un dictateur fou et surarmé), tandis que la résistance de Churchill à la violence du IIIe Reich et la contre-offensive militaire dont il a été un artisan étaient à l’évidence indispensables et fondées sur une profonde lucidité.
Sa lucidité a d'ailleurs peut-être parfois bénéficié de l'aide de sa femme, notamment dans les jours qui ont suivi la victoire des alliés sur Hitler.
Winston et Clementine Churchill en bateau (un patrouilleur auxiliaire de la marine) sur la Tamise
le 25 septembre 1940. Photographie : William George Horton (photographe, journaliste et officier militaire britannique), domaine public, via Wikimedia Commons.
Chacun sait que Winston Churchill a averti le président américain Harry S Truman par un télégramme, le 12 mai 1945, de la politique internationale que préparait l'URSS, qui voulait contrôler l'Europe orientale et centrale, en la soustrayant à toute indépendance véritable et à tout regard extérieur. C'est dans ce télégramme que Churchill a parlé du « rideau de fer ». Voici le texte exact : « Un rideau de fer un tombé sur le front soviétique. Nous ne savons pas ce qui se passe derrière. » (« An iron curtain is drawn down upon their front. We do not know what is going on behind »). Il reprendra ce terme dans son célèbre discours de Fulton le 5 mars 1946, qui est souvent considéré comme le commencement de la guerre froide.
Truman a donc été averti par Churchill ; mais par qui Churchill a-t-il été averti ?
La notion de rideau de fer était déjà ancienne. L'écrivain russe Vassili Rozanov l'avait mentionnée dès 1918 dans un essai intitulé L'Apocalypse de notre temps pour parler de la Russie. Joseph Staline a par la suite développé l'idée de protéger la « patrie des travailleurs » (autrement dit, le bloc communiste, qui a maintenu la démarche d'extension et de structure concentrique de l'Empire russe – démarche qui se poursuit encore aujourd'hui sous d'autres prétextes idéologiques) de toute influence extérieure pour pouvoir exercer des ingérences brutales.
C'est précisément le sens d'une lettre écrite à Churchill le 29 juin 1940 par le ministre des Affaires étrangères de Roumanie, Grégoire Gafenco (qui avait d'ailleurs des points communs avec Churchill : militaire courageux, journaliste, politicien brillant et intellectuel clairvoyant puisqu'il a expliqué dès 1948 que l'Europe devait créer une union européenne en intégrant l'Europe centrale et orientale). Rappelons d'abord que suite au pacte germano soviétique signé par Ribbentrop et Molotov devant Staline le 23 août 1939 (pacte qui est à l'origine de la Deuxième Guerre mondiale), plusieurs pays vont être occupés et démembrés, notamment la Pologne et la Roumanie. C'est pourquoi Gafenco écrit à Churchill (le lendemain du début de l'occupation soviétique – qui a commencé le 28 juin) : « Nous ne parvenons plus à avoir la moindre nouvelle de nos compatriotes restés de l'autre côté de la ligne de démarcation, comme si un rideau de fer s'était abattu en travers de notre pays. » En effet, la Roumanie allait subir un dépeçage, certains territoires étant donnés à l'Ukraine et à la Moldavie (alors intégrées à l'URSS), d'autres à la Hongrie et à la Bulgarie. Gafenco s'alarmait donc déjà de l'impossibilité d'avoir des nouvelles de l'autre côté du rideau de fer qui coupait son pays (comme l'Allemagne quelques années plus tard, pour des décennies).
Cependant, ce n'est sans doute pas cette lettre de juin 1940 qui a fait réagir Churchill dans l'urgence en mai 1945 (presque cinq ans plus tard donc). Là encore, la chronologie peut nous aider à comprendre.
Le 8 mai 1945, on fête la victoire à Paris et à Londres. Winston Churchill est bien sûr présent à Londres (aux côtés du roi Georges VI et de sa jeune fille Elisabeth, qui vient d'avoir 19 ans et vit son tout premier bain de foule après avoir été mécanicienne pendant la guerre), mais pas sa femme Clementine (Clementine Ogilvy Spencer-Churchill, née Hozier). Il est peut-être important de mentionner cette absence.
Le 12 mai 1945, donc quatre jours plus tard, Winston Churchill envoie son fameux télégramme à Truman (président des États-Unis depuis exactement un mois, puisque Franklin Delano Roosevelt est mort le 12 avril 1945).
Où était donc Clementine Churchill le 8 mai 1945 ? Elle poursuivait une longue tournée en URSS, invitée par la Croix-Rouge russe pour la remercier des fonds qu'elle avait contribué à lever pendant la guerre (en tant que présidente d'un fonds d'aide à la Russie).
Il n'est pas interdit de penser qu'elle ait pu avertir son mari de ce qu'elle avait pu voir, apprendre ou comprendre.
Une autre épouse d'homme d'État qui a peut-être
joué un rôle absolument décisif
Sophie de Grèce, épouse de l'ancien roi d'Espagne Juan Carlos Ier, a pu avoir un rôle dans da prise de conscience tardive de la nécessité de désavouer nettement les militaires putschistes lors de la tentative de coup d'État du 23 février 1981. On doit en effet garder à l'esprit que son propre frère Constantin II de Grèce était le roi des hellènes qui avait été renversé par la dictature des colonels huit ans plus tôt.
Après avoir perdu la majorité après la Deuxième Guerre mondiale (les électeurs ne lui ont donc pas su gré d’avoir été une sorte de lanceur d’alerte après la conférence de Munich de 1938, quand il a expliqué que Hitler n’allait pas s’arrêter et qu’il avait un plan de guerre, et l’artisan de la résistance britannique à l’agression allemande), Churchill est finalement redevenu premier ministre à la fin du mois d’octobre 1951, soit quelques semaines avant le couronnement d’Elisabeth II (début février 1952).
Elisabeth II était la sixième souveraine britannique depuis que Churchill avait commencé sa carrière politique (quand il a été élu député pour la première fois, en 1900, la reine Victoria régnait encore). Il a donc été, en quelque sorte, le mentor de cette jeune reine (qui avait alors 25 ans), en l’informant sur le protocole mais aussi sur la géopolitique (dont il avait une conscience particulièrement aiguë puisqu’il avait prévu non seulement la Deuxième Guerre mondiale mais aussi la Première dès 1911, sans compter son avertissement sur le « rideau de fer » dans une lettre à Truman dès le mois de mai 1945), tout en lui racontant ce qu’il avait vécu, notamment auprès de son père Georges VI et lorsqu’il était militaire et correspondant de guerre.
Churchill a en effet été correspondant de guerre dans différents pays, notamment les Indes (à Bangalore et dans le Malakand, une région de l’actuel Pakistan), le Soudan et l’Afrique du sud, où il a été fait prisonnier avant de s’évader. Il a d'ailleurs eu la réputation de prendre des risques inconsidérés mais d'échapper miraculeusement à la mort à chaque fois.
Il y a d’ailleurs un lien, chez Churchill, entre son parcours de journalisme de guerre et la passion des gros cigares. Ce lien est facile à établir : c’est en arrivant à Cuba en 1895, comme correspondant de guerre, que Churchill avait découvert les cigares cubains : les habanos, qu’il aura à la bouche jusqu’à la fin de sa vie – sauf quand un photographe lui prend d'autorité (parce que la fumée trouble sa photo ou pour provoquer une expression intéressante sur le visage du vieux lion très agacé).
La perplexité du cardiologue de Churchill
Le cardiologue de Winston Churchill a considéré ce dernier comme un « cas d’étude », dans la mesure où cet homme en surpoids, gros consommateur de whisky et de cigares, sédentaire et stressé qui plus est, a quand même atteint l’âge de 91 ans.
Il a exprimé toute sa perplexité dans un petit texte intitulé Reflections of Churchill's personal cardiologist, où il livre des remarques à la fois médicales et personnelles sur la santé du vieux lion.
Il faut noter que sa veuve, Clementine Churchill, qui a certainement eu une vie un peu plus saine, a vécu un an de plus que lui puisqu'elle est morte à 92 ans.
Comme beaucoup d'autres hommes d'État, Churchill s'est interrogé sur la possibilité d'une vie extraterrestre : sur l'existence éventuelle d'autres civilisations loin de la Terre. Il ne s'est pas contenté de s'interroger, il a écrit un essai (de 11 pages) intitulé Sommes-nous seuls dans l'univers ? (Are We Alone in the Universe?) peu de temps avant de devenir premier ministre. Ce texte, écrit en 1939 (puis modifié dans les années 1950, signe de son intérêt persistant pour ce sujet) est conservé au National Churchill Museum aux États-Unis. Le chercheur Mario Livio l'a étudié pour publier un article en 2016 dans la revue scientifique Nature. Le texte de Churchill se caractérise en effet par une approche inspirée par la science, avec une série de questions précises (par exemple sur la notion de zone habitable, à la surface d'autres planètes du système solaire ou en dehors, et sur la possibilité d'un voyage sur la Lune), mais aussi par une grande ouverture à toutes les hypothèses possibles. Il ne s'interdisait pas de penser que des créatures plus intelligentes que les humains puissent exister quelque part.
On peut noter que l'intérêt de Churchill pour la vie extraterrestre s'est manifesté à des moments où il savait qu'il allait prendre des responsabilités gigantesques (juste avant la Deuxième Guerre mondiale et sa nomination comme premier ministre, puis de nouveau comme premier ministre pendant la guerre froide). Ressentait-il le besoin de prendre énormément de recul en imaginant un point de vue très lointain pour tenter de mieux comprendre le monde, ou bien de trouver une échappatoire intérieure en envisageant un monde lointain et d'autres êtres pour se libérer un moment d'un monde oppressant face auquel il devait prendre des responsabilités décisives ?
Vous pouvez lire un ouvrage de François Kersaudy, notamment Winston Churchill : le pouvoir de l'imagination.
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