L'origine des vaccins, de la vaccination et de la variolisation

 

Avec la pandémie de Covid 19, on a beaucoup parlé de vaccins et de vaccination. Ces pratiques et ces mots peuvent sembler banals ; pourtant, leurs origines pourraient vous étonner.

Les premiers vaccins de l'histoire de l'humanité ont été le fruit d'une hybridation intellectuelle exceptionnelle entre des hommes et des femmes de quatre continents, selon un cheminement qui bousculera bien des certitudes.

Voici donc l'histoire des premiers vaccins qui ont fini par vaincre (en 1980) une maladie effrayante, la variole de l'homme, grâce à la variole de la vache. Si ce vaccin n'est plus obligatoire, c'est parce qu'il l'a été assez longtemps pour faire disparaître la variole de l'homme de la surface de la planète.

 

Par C. R.

Publié le 15/06/2021

Dernière modification le 07/10/2023

Une vache Highland affrontant l'hiver du nord-ouest de l'Écosse... C'est en effet en comprenant le lien entre la variole de la vache et la variole de l'homme que Bose puis Jenner ont inventé la vaccination.

De la variole de la vache à la vaccine

 

Au commencement était la vache... Non, il ne s’agit pas d’une nouvelle version de l’histoire du monde mais simplement de l’histoire du mot vaccin, qui dérive d’un mot apparu en 1749, vaccine, version francisée et abrégée du latin moderne (variola) vaccina signifiant « (variole) de la vache ». Nous allons voir quel est le rapport entre nos vaccins et la vache (vacca en latin).

 

Au XVIIIe siècle, une maladie d’origine virale faisait des ravages et était restée jusque-là incurable : la variole, dont l’autre nom était « petite vérole ». Le mot variole vient du latin variola, dérivé de varius (signifiant « varié, tacheté, moucheté ») parce que la maladie se caractérisait par l’éruption d’innombrables pustules, suivies de complications diverses voire de la mort : 30 % des malades mouraient, les autres restaient défigurés.

 

Ce sont ces séquelles sur la peau qui expliquent les cicatrices plus ou moins visibles sur les visages de Mozart, de Beethoven, de Danton, de Mirabeau, de Staline et de beaucoup d'autres.

 

C'est aussi la variole qui a tué plusieurs rois, dont Hugues Capet et Louis XV (seul roi de France qui n’a pas pu être embaumé à cause des terribles effets de cette maladie).

 

Louis XV avait auparavant perdu l'une de ses filles de cette maladie (Anne-Henriette de France) qui avait déjà emporté le fils aîné de Louis XIV : Louis de France, dit le Grand Dauphin (c'est à lui que La Fontaine avait dédié ses Fables) avant qu'il puisse hériter du trône.

 

Louis XIV lui-même avait failli mourir de cette même maladie : après l'avoir attrapée à l'âge de neuf ans, il était resté quelques jours entre la vie et la mort. Pierre II, empereur de Russie, en était mort à quatorze ans.

 

Ce ne sont là que quelques exemples célèbres, à côté de millions d'anonymes depuis l'époque du pharaon Ramsès V (sans doute mort lui aussi de cette maladie).

 

La variole, décrite pour la première fois par par Aaron (un médecin égyptien chrétien de l'antiquité tardive), n’a disparu qu’en 1980, suite à une campagne mondiale de vaccination encadrée par l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) ; mais comment l’humanité était-elle parvenue à commencer le combat contre cette maladie, qui a effrayé pendant si longtemps les populations du monde entier ?

 

Un timbre (gravé par Albert Decaris en taille douce) que la Poste française a consacré en 1967 à Hugues Capet, premier roi de France mort de la variole, bien avant Louis XV, sa fille, le fils aîné de Louis XIV, etc.

 

 

Edward Jenner, un médecin anglais audacieux qui a su établir un lien entre la vache et l’homme

 

Il existait une maladie assez proche de la variole humaine mais qui affectait certains animaux, comme les chevaux et les vaches (cow pox : « vérole des vaches ») mais le lien ne pouvait pas être établi par des médecins ou par des scientifiques qui considéraient que l’être humain constituait un règne à part (entre le divin et l’animal). Pour imaginer un lien entre les deux maladies, il fallait une révolution mentale consistant à voir l’homme comme un animal parmi les autres.

 

C’est justement cette libération intellectuelle qui a finalement permis à un médecin anglais, Edward Jenner, de comprendre que l’inoculation volontaire de la variole des vaches à un être humain ne le rendait pas malade mais stimulait la production d’anticorps permettant à son organisme de se protéger contre la variole humaine. Il a donc gratté les deux bras d’un enfant de huit ans avec un morceau de bois qui venait d’être frotté sur les pustules de la main d’une fermière qui s’était infectée en trayant des vaches [ma phrase peut sembler maladroite mais elle rend volontairement compte de l'intelligente complexité de la démarche du médecin]. Suite à cette transmission très indirecte du pus, l’enfant (James Phipps) a été seulement un peu malade mais n’a pas développé de forme grave.

 

En procédant ainsi à une vaccination médicale, en 1796 (avec une première publication en 1798), Edward Jenner avait inventé l’immunologie.

 

Les mots vaccin, vacciner et vaccination sont logiquement arrivés très vite en France : ils ont été attestés à partir de 1801, soit cinq ans plus tard.

 

Ce qui a permis sa révolution mentale était peut-être un conseil de son enseignant, le chirurgien John Hunter (qui mérite bien sa statue à Leicester Square, au cœur de la ville de Londres) : « Ne croyez pas : essayez ! » Comme pour la plupart des avancées humaines, c’est le fait de se libérer d’une croyance qui a permis un bond en avant. En tout cas, les souches virales issues du pus des vaches (la vaccinia) sont ensuite passées d’un laboratoire à l’autre et ce procédé s’est peu à peu imposé (vers 1840) en Angleterre, où l’on a pris l’habitude d’inoculer le pus de bras à bras, en demandant la contribution d’une personne qui avait attrapé la variole des vaches.

 

C’est ainsi que le vaccin, désignant d’abord le virus de la vaccine (variole de la vache), a fini par désigner ce qui protège l’homme de sa propre variole, puis d’autres maladies.

 

Timbre que la Poste française a dédié à Louis Pasteur en 1995, centenaire de sa mort (les deux cristaux bleus sont éniantomorphes : leur image est identique dans un miroir – ce qui rappelle que le scientifique comtois a su établir un lien entre biologie et  stéréochimie).

La méthode étonnante de Louis Pasteur contre la rage : utiliser de la moelle d'os de lapins malades pour vacciner des enfants mordus par des chiens

 

Un siècle après Edward Jenner, le biologiste français Louis Pasteur (1822-1895) a milité pour des procédés aseptisés. Cela choquait la plupart des médecins : ils trouvaient scandaleux qu'on leur demande de se laver les mains avant une opération car ils étaient indignées à l'idée qu'on pense qu'ils pourraient rendre malade les patients alors que leur rôle était de les soigner... C’est bien sûr le nom de Pasteur qui est à l’origine du mot pasteurisation (dont le brevet a été déposé dès 1865) et s’il a dit que le vin était « la plus saine des boissons » c’est parce que l’alcool qu’il contenait (8 à 10° à l’époque) en assurait la désinfection. Pour étudier la fermentation, Pasteur possédait d'ailleurs sa propre vigne près d'Arbois, dans le Jura. Elle est toujours exploitée et l'Académie des sciences a décidé récemment d'y relancer un programme de recherches.

Pasteur est surtout connu pour un autre vaccin : contre la rage. En 1885, il a demandé à un médecin (le professeur de pédiatrie Jacques-Joseph Grancher) d’inoculer des formes de plus en plus virulentes (treize injections en dix jours) du virus de la rage à un enfant de neuf ans, Joseph Meister, mordu quatorze fois par un chien. Pasteur, biologiste spécialisé dans le traitement vaccinal des animaux (choléra des poules, charbon des moutons, rouget du porc), travaillait depuis 1880 sur cette maladie et avait développé une technique pour atténuer la virulence du virus : l’inoculer d’un chien à un lapin puis à un autre lapin (etc.) et, enfin, laisser sécher la moelle de lapin mort à l’air, afin d’obtenir des formes de moins en moins virulentes. La vaccination consistait à inoculer d’abord les moelles rabiques les moins virulentes et de passer progressivement à des formes plus virulentes.

Les personnes mordues sont venues de plus en plus nombreuses auprès de Pasteur pour bénéficier de son vaccin. L’Institut Pasteur est logiquement né (en 1888) du succès des travaux de Pasteur, tandis que la Fondation Grancher poursuit la lutte du pédiatre contre la tuberculose.


Timbre français commémorant le centenaire (1885 - 1985) de la première vaccination contre la rage, mise au point par Louis Pasteur. Ce dernier est ici représenté debout à l'arrière à gauchen appuyé sur le meuble. Ce n'est pas lui qui inocule le vaccin car il n'était pas médecin mais scientifique (chimiste et physicien). L'acte médical est réalisé par le professeur Jacques-Joseph Grancher : l'homme penché sur l'enfant assis (Joseph Meister).

 

 

La toute première vaccination dans le monde : l’idée d’un fonctionnaire allemand pour lutter contre la variole

 

Comme souvent dans l’histoire de l’humanité, on peut remonter encore plus loin dans le temps pour trouver l’origine de cette pratique : en réalité, Edward Jenner n’a pas inventé la pratique de la vaccination, il en a surtout fait une théorie médicale, ce qui constituait en soi une avancée gigantesque.

 

Plusieurs médecins européens y avaient réfléchi et travaillé auparavant, comme l'explique par exemple un article paru dans le Malta Medical Journal ou un article de l'historien Pierre Darmon paru en 1984 dans Histoire, Économie et Société. En particulier, le pasteur protestant français Jacques Antoine Rabaut (dit Rabaut-Pommier) a eu dès 1784 l'idée de la vaccination (le fait d'inoculer ce qu'il pensait être une version atténuée de la maladie : la « picote », autrement dit la varicelle, à la place de la variole elle-même). Il a notamment présenté son idée à un médecin anglais (Pugh) qui s'est engagé à en parler à Jenner.

 

Cependant, le principe et la pratique du vaccin étaient nés encore plus tôt, dans une région allemande... connue pour ses vaches : le Holstein (entre Hambourg et Kiel), qui a donné son nom à la race de vaches laitières la plus productive au monde : jusqu'à 17 000 litres de lait par an pour une seule vache...).

 

Dès 1769 (donc vingt-sept ans avant Jenner), un fonctionnaire allemand, Jobst Bose, avait déjà eu l’idée de faire boire le lait d’une vache malade de la variole bovine pour protéger des personnes de la variole humaine.

 

Comment avait pu lui venir une telle idée ? Sans doute en s’inspirant de la méthode de la variolisation qui venait d’arriver en Europe. Il faut donc remonter encore davantage dans le temps et s'éloigner de l'Europe de l'ouest pour comprendre.

 

 

La variolisation : comment cette méthode orientale est arrivée en Europe et en Amérique depuis la Chine et l'Afrique sub-saharienne

 

Bien plus tôt encore, une autre pratique existait déjà... Contrairement à la vaccination qui s’est développée à partir du XVIIIe siècle, une pratique antérieure, la variolisation, consistait à inoculer directement la maladie d’une personne faiblement malade (ou d’une personne variolisée) à une autre, avec le risque de provoquer une forme grave de la variole : 1 à 2 % des personnes en mourait. L’intérêt était seulement collectif (pour la société dans son ensemble plus encore que pour les individus qui s'y risquaient) puisque, à l’échelle de toute une population, la mortalité globale diminuait fortement, la maladie ne pouvant plus se transmettre aussi vite sur un territoire où une majorité de personnes était immunisée.

 

Cette pratique existait au moins depuis le XVIe siècle en Chine (où elle a certainement été inventée) et elle a été connue en Afrique bien avant qu'elle ne le soit en Europe et en Amérique. Ce sont d'ailleurs des esclaves afro-américains qui l'ont introduite en Amérique du nord après leur déportation, si bien que le tout premier Américain connu pour l'avoir pratiqué a logiquement été un esclave – nommé Onesimus – lors de l'épidémie de variole qui a frappé Boston en 1721. C'est cet esclave d'origine africaine qui a expliqué la technique à son maître, le pasteur Cotton Mather. Ce dernier en a alors parlé à un médecin, Zabdiel Boylston, qui a lui-même fait un essai sur son fils et sur deux esclaves. Boylston a alors dû se cacher suite à la violence des premiers antivax de l'histoire, qui menaçaient de le pendre. Quant à l'esclave Onesimus, il faut préciser que la photo visible sur Google Images quand on saisit son nom n'est bien sûr pas la sienne puisqu'il était déjà mort bien avant l'invention de la photographie.

 

La variole : une cause majeure de la déportation

des esclaves africains vers l'Amérique

On ignore souvent que si les Européens (portugais, espagnol, français et anglais) ont ressenti le besoin de déporter à grande échelle des esclaves africains vers leurs coloies américaines, c'est parce que la variole avait provoqué la mort d'une très grande partie des populations amérindiennes, en plus de beaucoup d'autres maladies car le système immunitaire de ces populations n'y avait jamais été confronté. La variole, qui était déjà le grand problème sanitaire du XVIIIe siècle en Europe, avait un impact encore bien plus grand parmi les esclaves, regroupés en grand nombre donc encore plus exposés à cette maladie. Leur espérance de vie était tellement limitée que la déportation d'un nombre toujours plus grand esclave était devenu vital pour l'économie coloniale. C'est donc la variole qui explique en partie l'importance du commerce triangulaire et le caractère particulièrement radical et violent de l'idéologie esclavagiste et raciste qui découlait de ces nécessités économique. L'autre lien entre l'esclavage et la variole se situe donc dans le paradoxe qui veut que c'est un esclave noir, supposé très inférieur à son maître blanc, qui a enseigné à ce dernier la technique de la variolisation, seul remède alors possible.

 

La pratique de la variolisation est arrivée en Europe d'abord dans l’Empire ottoman, depuis la Chine par la Route de la soie (vecteur des plus grandes connaissances arrivées en Europe depuis trois millénaires).

 

La personne qui a permis l'introduction de la variolisation en Europe de l'ouest a été une femme. Petite parenthèse : la variolisation (ancêtre de la vaccination) a été apportée en Amérique du nord par un Noir et en Europe de l'ouest par une femme. Il pourrait sembler malsain (racialisme et féminisme radical) d'insister sur ces faits mais il serait encore plus malsain (racisme et sexisme) de les passer sous silence et de ne pas décaper les représentations (rouillées et faussées par des siècles d'idéologies dominantes devenues inconscientes) de l'histoire du monde occidental.

 

Cette femme européenne qui a su percevoir l'intérêt de la variolisation, c'était l'épouse de l’ambassadeur anglais à Constantinople (Lady Mary Wortley Montagu, qui avait été défigurée par la maladie et dont le frère en était mort). Traumatisée par ces drames, elle a voulu protéger son fils et l'a fait varioliser en 1718, en imitant simplement ce que faisaient les mères turques de l'époque.

 

Emplacement réservé au timbre que la Poste des États-Unis consacrera peut-être un jour à l'esclave Onesimus : il a contribué à limiter l'expansion de l'épidémie de variole qui a touché Boston en 1721, en mettant au service de tous sa connaissance de la pratique de la variolisation (alors pratiquée en Afrique mais inconnue en Amérique et en Europe).

Emplacement réservé au timbre que la Poste du Royaume-Uni consacrera peut-être un jour à

Lady Mary Wortley Montagu : elle a rapporté à Londres en 1721 la pratique turque de la variolisation (venue de Chine),  à l'origine du vaccin élaboré plus tard par Jenner.


 

Quand Lady Mary Wortley Montagu est revenue à Londres (en 1721), où sévissait également une épidémie de variole, elle a fait varioliser sa très jeune fille, ce qui a bien fonctionné de nouveau. La méthode de la variolisation appliquée avec succès à son fils puis à sa fille a ensuite été testée sur des condamnés à mort et sur des orphelins pauvres. Dès l'année suivante (1722), la princesse de Galles Caroline d'Ansbach (autrement dit l'épouse du futur roi Georges II) a lancé la mode en faisant varioliser ses propres enfants. On peut noter au passage que la cour d’Angleterre était un savant mélange de cynisme (en utilisant notamment des enfants pauvres comme cobayes) et d’ouverture intellectuelle ou de pragmatisme (en appliquant des méthodes turques inspirés par la médecine chinoise).

 

Voltaire, qui admirait la « philosophie aimable sur le trône » de Caroline d'Ansbach, a surtout retenu sa tendance à « encourager tous les arts » (c'est-à-dire les sciences et les techniques, dans la langue française du XVIIIe siècle) et à « faire du bien aux hommes » (Lettres philosophiques). Il faut préciser qu'à ce moment de l'histoire, la monarchie parlementaire anglaise faisait rêver les philosophes français confrontés à des rois de France agissant selon leur « bon plaisir » (pour reprendre le mot de François 1er).

 

En France, pourtant, la famille royale a précédé le peuple sur la voie de la variolisation (certes testée depuis vingt-cinq ans en Angleterre) : les enfants de Louis-Philippe d’Orléans ont été pratiquement les premiers variolisés en 1756 et seuls les aristocrates ont eu confiance en cette méthode, massivement rejetée par les Français, sauf en Franche-Comté (française depuis peu de temps), où 10 % de la population a été variolisée entre 1765 et 1787.

 

Le premier vaccin obligatoire en France sera justement celui contre la variole, en 1902.

 

Rappelons-nous que c'est uniquement grâce à la mondialisation des campagnes de vaccination que cette maladie a disparu de la surface terrestre en 1980.

 

En Russie, il faut signaler le cas de l'impératrice Catherine II – restée célèbre notamment par son ouverture aux idées de la philosophie des Lumières puisqu'elle recevait par exemple Denis Diderot pour des discussions particulièrement houleuses (elle disait qu'il fallait mettre une grande table entre lui et elle pour qu'ils puissent débattre de questions philosophiques et sociales).

 

Au moment où une épidémie de variole frappait durement son pays (en 1768), elle a décidé de faire varioliser son fils mais, auparavant, elle a eu le courage de se prêter elle-même à cette inoculation volontaire, pour donner l'exemple et pour accélérer la modernisation de son pays. C'est au médecin anglais Thomas Dimsdale (gratifié du titre de baron de l'Empire russe avant son retour en Angleterre) qu'elle a confié ainsi sa santé et celle de son fils.

 

Suite à cela, Catherine II est tombée malade pendant dix jours avec les premiers signes de la variole mais elle s'en est très vite remise, ce qui l'a confirmée dans le projet de faire aussitôt varioliser son fils, qui s'en est très bien sorti lui aussi... Il prendra d'ailleurs sa succession (sous le nom de Paul 1er) en 1796, ce qui montre que Catherine II a vécu trois décennies après sa variolisation.

 

Un détail peu connu mais révélateur de l'était d'esprit de Catherine II : avant de se faire inoculer la variole par Dimsdale, elle s'était souciée de lui encore plus que d'elle-même puisqu'elle avait fait préparer un équipage et un relais de chevaux rapides pour permettre au médecin et à son fils de fuir le pays et de regagner l'Angleterre afin d'éviter les représailles au cas où elle en serait morte...

 

 

Morale de cette histoire des vaccins : pourquoi certaines personnes peuvent-elles avoir des idées géniales (et pas d'autres) ?

 

Si l’on regarde la chronologie, la vaccination semble bien avoir découlé de la variolisation : cette dernière apportait une idée nouvelle en Europe, ou de brillants esprits ont perfectionné cette pratique médicale chinoise, turque et africaine.

 

L’histoire des vaccins et de la vaccination illustre, une fois de plus, les principaux facteurs du progrès humain : la circulation des connaissances, leur croisement d’un domaine à l’autre et leur perfectionnement grâce à des personnes qui ont le courage intellectuel de se libérer de vieilles croyances.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Un timbre que la Poste malgache consacrait à une campagne de vaccination en 1977 (soit trois ans avant l'éradication de la variole suite à la campagne de vaccination mondialisée).

Pour aller plus loin

 

Vous pourrez trouver des précisions supplémentaires sur les mots vaccine, vaccin et vaccination dans des sources lexicologiques de grande qualité (que j'ai bien sûr consultées pour cet article) :

 

Vous trouverez également davantage d'informations sur l'histoire de la vaccination dans un ouvrage collectif dirigée par Anne-Marie Moulin, docteure en médecine, agrégée de philosophie et historienne de la médecine : L'Aventure de la vaccination (Paris, Fayard, 2014).

 

Enfin, beaucoup d'explications sont apportées par un article d'Hervé Bazin (le docteur vétérinaire immunologiste et non le romancier) intitulé « Histoire des refus vaccinaux » et présenté sur le site de l'Académie nationale de médecine. Vous pourrez sourire (ou vous désespérer de la bêtise humaine) en lisant les incroyables arguments (pseudo-moraux et pseudo-scientifiques) de ceux qui se sont acharnés à refuser l'idée même de vaccination, à craindre que le vaccin ne favorise... la débauche ou l'abandon des enfants, à dénigrer Pasteur, à rire de ce qu'ils appelaient le « microbisme » (trouvant beaucoup plus sérieuse la théorie de la génération spontanée), à considérer que la variole ne devait pas être soignée parce qu'elle était... utile pour la santé.

 

Cela se passe de commentaire. 

 

 

 

 

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