Henri IV (1553-1610) est un roi bien connu dans l’histoire de France, avec une réputation plutôt positive depuis sa mort. Pourtant, rarement un roi de France n'avait déclenché autant de haine de son vivant. Nous allons voir pourquoi et dans quel contexte.
Au-delà des légendes tenaces, l’histoire de ce roi de France nous réserve quelques surprises, la réalité étant finalement plus étonnante que la fiction transmise par une tradition scolaire datant du XIXe siècle.
Nous verrons aussi qui est vraiment son plus actuel descendant (le futur Louis XX ?), sans oublier, bien sûr, de tenter d'élucider l'histoire de la poule au pot, du fameux cheval blanc d'Henri IV et de son panache blanc.
Par C. R.
Publié le 25/08/2021
Dernière modification le 25/11/2024
Un timbre (gravé en taille douce par Albert Decaris) de la Poste française (1969) rendant hommage à l'acte politique le plus important d'Henri IV : l'édit de Nantes (1598), qui a apporté la paix au royaume en mettant fin aux guerres de Religion et en instaurant une certaine tolérance à l'égard des protestants.
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Henri de Bourbon a d'abord régné sous le nom d'Henri III de Navarre avant de succéder au roi Henri III de France, sous le nom d'Henri IV. La Navarre était un royaume de l'ouest des Pyrénées correspondant grossièrement à la province espagnole actuelle de Navarre (intégrée à l'Espagne avant la naissance d'Henri de Bourbon) et à une partie du département des Pyrénées atlantiques, notamment. C'est pour cela qu'Henri de Bourbon, le fils de la reine de Navarre Jeanne III (Jeanne d'Albret), est né au château de Pau (dans le Béarn) en décembre 1553.
Chacun sait qu’Henri IV était ainsi d’origine béarnaise mais tout le monde ne sait pas que la première langue qu’il a maîtrisée était l’anglais (tandis que beaucoup de rois d’Angleterre ont parlé d'abord le français).
Henri de Bourbon (le futur Henri IV) a bien sûr appris le français très tôt également mais il l’a toujours parlé avec des expressions et un accent gascons, ce qui choquait certaines oreilles sensibles ou limitées à une conception étroite du français – qui venait de s'imposer. Le français n'était la langue officielle du royaume de France que depuis quatorze ans, au moment de la naissance du futur Henri IV : suite à l'ordonnance de Villers-Cotterêts par lequel, en 1539, François Ier avait remplacé le latin par le français pour tous les actes juridiques et administratifs. Entre parenthèses, cette ordonnance est le plus ancien texte juridique encore en vigueur aujourd'hui en France.
Henri IV a d'ailleurs écrit des vers en français : il était poète, comme sa mère Jeanne d’Albret. Il a surtout donné un rôle important à un poète de plus grande envergure que lui : François de Malherbe (né vers 1555 et mort en 1628), qui a eu un rôle important dans l'histoire de la langue et de la littérature françaises, auxquelles il a donné des normes préclassiques, d’où l’admiration enthousiaste de Nicolas Boileau (1636-1711) dans son Art poétique (1678) :
« Enfin Malherbe vint et, le premier en France,
Fit sentir dans les vers une juste cadence,
D’un mot mis à sa place enseigna le pouvoir
Et réduisit la muse aux règles du devoir. »
On pense souvent qu’Henri IV était initialement protestant.
En réalité, il a été baptisé d’abord comme catholique en mars 1554, quelques semaines après sa naissance en décembre 1553.
Comme ce n’est qu’à partir de 1560 que sa mère Jeanne d’Albret s'est convertie au calvinisme, c’est à partir de ce moment-là qu’elle a donné une éducation protestante, austère et exigeante, au petit Henri.
Lorsqu’il est devenu roi de Navarre en 1572, pour succéder à sa mère sous le nom d'Henri III de Navarre (il ne faut pas le confondre avec son prédécesseur Henri III de France ni avec Henri III d’Angleterre), il était toujours protestant mais, suite au massacre de la Saint-Barthélemy, dans lequel des catholiques ont assassiné des milliers de huguenots (en août 1572), Henri s'est reconverti au catholicisme en 1573 et a donc abjuré ses convictions protestantes.
La rue des Huguenots à Piriac-sur-mer : un rappel de la présence importante des protestants
dans l'ouest de la France avant leurs persécutions par la population et par Louis XIV.
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En 1576, combattant aux côtés des protestants, il a abjuré cette fois-ci le catholicisme.
En 1589, le roi Henri III de France, vraisemblablement homosexuel, s’apprêtait à mourir sans descendance après le coup de couteau porté par un moine catholique fanatique (le dominicain Jacques Clément – qui portait mal son nom et qui n’agissait pas vraiment par amour de son prochain...). Il était ainsi le dernier des Valois. Juste avant de mourir, il a choisi un Bourbon pour lui succéder : son beau-frère, Henri III de Navarre (qui a épousé sa sœur Marguerite de France), lequel deviendra donc Henri IV de France et de Navarre. Le roi de France mourant a d'ailleurs conseillé à son successeur de devenir catholique afin de plaire à une majorité de sujets. Nous allons voir que c’était un sage conseil pour tenter de survivre dans un contexte social pour le moins échauffé par la rivalité fratricide entre les deux religions chrétiennes qui se disputaient la France (il n'y avait pas encore d'athées à ce moment-là ; seulement des sages presque agnostiques, comme le Bordelais Montaigne, qui se disait catholique par simple tradition et qui mettait surtout en avant un humanisme universalisant inspiré par l'antiquité gréco-latine).
En tout cas, Henri III de Navarre, devenu ainsi Henri IV de France et de Navarre (il a été le tout premier roi à posséder ce double titre), a dû conquérir – militairement et symboliquement – un royaume qui lui était majoritairement hostile et il a fini par se reconvertir de nouveau, en 1593, en se présentant devant le portail de la basilique de Saint-Denis pour s’agenouiller devant l’évêque. Cette conversion a eu lieu, bien sûr, pour des raisons politiques car il avait compris qu’il ne pourrait pas véritablement régner sur la France sans cela. D’où la phrase célèbre qu’il aurait alors prononcée (elle n'est pas véritablement attestée, tout comme la plupart des autres qu'on lui attribue) : « Paris vaut bien une messe. »
Cependant, si cette nouvelle conversion lui a permis d’être sacré en 1594 (dans la cathédrale de Chartres car les ligueurs tenaient encore Reims à ce moment-là), elle ne lui a pas permis d’échapper à des attentats de catholiques fanatiques : il y a eu pas moins de douze tentatives d’assassinat, ce qui donne une idée de la haine tenace nourrie par la frange la plus extrême des catholiques de son temps, qui l'accusait de crimes très divers, tout comme son beau-frère Henri III avait été accusé de satanisme et de sorcellerie, accusation classique pour justifier la haine des minorités en tout genre (ce ne sont pas les sorcières de Salem qui m'auraient contredit ; il faut d'ailleurs lire le magnifique roman inspiré de faits réels écrit par Maryse Condé : Moi, Tituba sorcière...). Le tout dernier de ces nombreux attentats réussira en 1610 : celui de François Ravaillac, un catholique fanatisé (comme Jacques Clément), qui a agi après avoir entendu des voix lui ordonnant l’assassinat du roi désigné comme l'antéchrist... Il est très difficile, néanmoins, de voir dans cet assassinat un simple acte isolé d'un fou quand on sait qu'une grosse dizaine de ses coreligionnaires avait déjà tenté le même acte violent, inspiré par la haine qu'ils nourrissaient abondamment dans leurs écrits. Cela étant dit, l'exécution de Ravaillac par écartèlement révèle la barbarie encore plus grande de la justice royale.
La tolérance pour les protestants instituée par l’édit de Nantes en 1598 – établissant une liberté de culte pour les protestants (presque) comme pour les catholiques – a été jugée comme intolérable pour ces fanatiques, qui voulaient alors qu’une religion unique soit imposée à tous (y compris par des moyens a priori incompatibles avec ladite religion). C’est justement ce que fera l'un des petits-fils d’Henri IV, un certain Louis XIV, en révoquant l’édit de Nantes en 1685 et en restaurant les persécutions, ainsi que l’incitation au vol et au viol contre les protestants, avec les tristement célèbres dragonnades.
On peut comprendre qu’Henri IV et Louis XII, contrairement aux autres rois de France, aient été considérés plus tard comme de bons rois voire pressentis (en 1792 par le député Lambert de Belan qui considérait qu’ils étaient « les seuls de nos rois qui se soient montrés les pères du peuple ») pour être transférés au Panthéon au début de la Révolution française, avant que leur dépouille soit finalement retirée violemment de la basilique Saint-Denis, exactement comme celle des autres rois (les fanatiques de tout poil ne font jamais le tri) : quand son cercueil a été détruit à coups de marteau, le corps bien conservé d’Henri IV a été en partie démembré (il est d’ailleurs étrange que des historiens, sans doute par souci idéologique plutôt que linguistique, parlent d’« exhumation » pour un acte fanatique antiroyaliste et anticatholique qui ne semble pas moins barbare que les actes fanatiques catholiques évoqués plus haut). Une tête momifiée attribuée à Henri IV a ainsi provoqué des querelles de spécialistes à partir des années 2010 pour savoir s’il s’agissait ou non de celle du roi.
Henri IV fait partie des rares rois de France qui n'ont pas été sacrés dans la cathédrale de Reims (dont la photo montre la façade) mais dans la cathédrale de Chartres. © 2011 C. Rubin. Tous droits réservés.
Henri IV a été le premier roi de France de la maison capétienne de Bourbon. Il a d'ailleurs été à l'origine d'une assez abondante lignée, qui aurait pu être plus abondante encore...
Un descendant actuel d'Henri IV : Louis XX,
le prétendant franco-espagnol (franquiste) au trône de France
L’actuel prétendant au royaume de France et de Navarre issu de la branche aînée de la maison de Bourbon (par opposition à la branche cadette : celle des descendants de Philippe d'Orléans, frère de Louis XIV) est Louis de Bourbon (dont le nom de naissance en français est Louis Alphonse Gonzalve Victor Manuel Marc de Bourbon et Martínez-Bordiú ; et en espagnol : Luis Alfonso Gonzalvo Victor Manuel Marco de Borbón y Martinez-Bordiú). C'est lui qui serait appelé « Louis XX » s'il était amené à régner. L'idée un peu abstraite pourrait séduire ceux qui rêvent d'un roi d'Angleterre à la française. Néanmoins, l'orientation idéologique concrète de ce sulfureux personnage est loin de se limiter au décorum royal qu'on pourrait imaginer.
De nationalité à la fois française et espagnole, cet homme (né en 1974) s’est surtout consacré à la glorification du dictateur espagnol Francisco Franco, dont il a porté lui-même le cercueil lorsque ce dernier a été retiré du mausolée de l’abbaye de la Sainte-Croix pour être transféré dans un cimetière proche de Madrid. Il est aussi président de la Fondation Franco. Les citoyens attachés à la démocratie ont donc largement de quoi redouter son éventuel retour.
Il ne semble pas exagéré de continuer à qualifier Henri IV de « vert galant » : on lui attribue généralement entre cinquante et soixante-dix maîtresses, ainsi qu’une petite vingtaine d’enfants, dont six légitimes (notamment son successeur Louis XIII) et au moins douze illégitimes. Paradoxalement, cela peut paraître assez peu : un quart d'enfant par maîtresse, si l'on peut présenter les choses ainsi, c'est étonnant pour une époque où la contraception n'était pas aussi développée qu'aujourd'hui. Il reste en tout cas une trace de cette réputation dans la toponymie de Paris : le square qui se situe à la pointe de la cité et qui porte l'un des piliers du Pont-Neuf (édifié justement par Henri IV) se nomme le square du Vert-Galant.
Henri IV était connu pour aimer jouer avec ses nombreux enfants et il n'hésitait pas à se mettre à quatre pattes pour les amuser. Le plus surprenant, c'est qu'au grand dam de Marie de Médicis, il a fait élever ensemble ses enfants légitimes et illégitimes. Il en a eus notamment avec Gabrielle d'Estrées, la dame dont le sein est pincé par sa sœur sur un célèbre tableau de l'École de Fontainebleau, qui semble symboliser le fait qu'elle allaitera bientôt un enfant du roi, auquel elle est liée par un anneau qu'elle tient elle-même entre deux doigts, Henri IV étant suggéré comme géniteur par un portrait d'homme presque nu (dont la tête est cachée) à l'arrière-plan. Le fils légitime aîné, le futur Louis XIII était chargé de régner sur ses frères et sœurs ainsi que sur ses demi-frères et demi-sœurs.
Louis XIII, de l'enfant-roi à la crise d'adolescence meurtrière
Louis XIII a été élevé comme un enfant-roi. Il a donc régné sur une cour miniature constituée de ses frères, de ses sœurs, de ses demi-frères et de ses demi-sœurs. Il a aussi été fiancé à onze ans (en 1612) à une fillette espagnole du même âge, pour inaugurer la place Royale (renommée place des Vosges pendant la période révolutionnaire, quand le département des Vosges a été le premier à régler ses impôts).
Pourtant, sa mère, la tyrannique régente Marie de Médicis, a décidé que si Louis XIII pouvait être couronné roi assez rapidement suite à l'assassinat de son père Henri IV, il restait malgré tout trop jeune et trop faible pour régner véritablement.
Louis XIII a alors voulu lui prouver le contraire... Âgé de seize ans à peine (en 1617), il a tout simplement décidé de faire assassiner le favori de sa mère : Concino Concini, avec des actes de barbarie à la clé. Sitôt enterré, le corps de la victime du jeune roi a en effet été déterré par des habitants, dépecé (nous ne rentrerons pas davantage dans des détails sordides), traîné dans les rues et brûlé. Quant à la femme de ce pauvre homme, qui était la dame de compagnie et la confidente de Marie de Médicis, Louis XIII l'a fait arrêter et exécuter.
S'en est suivi un début de guerre civile entre la mère et le fils ; mais la vengeance de Marie de Médicis a échoué. Finalement, le cardinal de Richelieu a réussi à réconcilier Louis XIII et sa mère, dans l'intérêt d'un royaume qui sortait à peine des guerres de religion et de l'assassinat des deux précédents rois.
Henri IV a parfois eu des actes choquants. Par exemple, il a demandé à sa première femme Marguerite, dite la reine Margot, qui ne lui avait pas donné d'enfants (mais qu'il trompait avec Gabrielle d'Estrées, la dame au sein pincé sur le tableau, qui lui en a donné trois), de se démarier pour qu'il puisse se remarier avec Marie de Médicis. Plus grave : il n'a pas hésité à faire massacrer de nombreux habitants de Franche-Comté, alors espagnole, en 1595, lors de sa guerre contre Philippe II (fils de Charles Quint), roi d'Espagne et duc de Bourgogne.
Néanmoins, globalement (donc d'un point de vue comptable plutôt que moral), son bilan semble plutôt positif pour le pays par rapport à d’autres rois : il a pacifié la France en mettant fin à trente-huit ans de guerres de Religion (ce qui n’était pas simple), grâce à l’édit de Nantes, il a vaincu l’Espagne (ce qui lui a permis de se présenter comme roi voulu par Dieu donc comme roi de droit divin), il a limité le pouvoir des nobles tout en développant une noblesse de robe lucrative (pour qu’une fonction officielle puisse être transmise aux descendants, il fallait payer un droit annuel permettant ainsi de devenir noble : la taxe « paulette », désignée ainsi en référence à Charles Paulet, secrétaire du roi), il a restauré l’économie du royaume en parvenant à l’indépendance vis-à-vis des banques étrangères, il a embelli Paris (en terminant le Pont-Neuf commencé par Henri III et en créant des places : l’actuelle place des Vosges et la place Dauphine) et équipé la province (par exemple avec le canal de Briare), en valorisant l’agriculture. Son ministre Maximilien de Béthune, le duc de Sully, surintendant des finances, des bâtiments et des fortifications, a d’ailleurs déclaré dans ses mémoires : « Pâturage et labourage sont les deux mamelles de la France. »
Quant à ses multiples conversions, elles ne semblent pas forcément bien sincères... mais que serait devenue la France sans ce savoir-faire politico-religieux qui a apporté une paix miraculeuse dans un contexte de haine fanatique entre deux religions sœurs, haine instrumentalisée à des fins politiques comme presque toujours dans ces cas-là (pensons aux milliers de morts provoquées de nouveau par la tenace haine entre catholiques et protestants en Irlande ou bien aux affrontements entre musulmans sunnites et chiites, avec des implications géopolitiques qui attisent les haines) ? La paix d'un pays vaut bien une conversion, certes peu sincère mais clairement positive et efficace.
D'un point de vue technique, il faut garder en tête que depuis le concordat de Bologne (1516), le roi de France nommait les évêques et les abbés. Si Henri IV était resté protestant, les problèmes politiques divers auraient encore aggravé les troubles religieux.
Timbre français gravé (par Albert Decaris en taille douce) pour les quatre-cents ans (en 1978) de la construction du Pont-Neuf, commencé par Henri III en 1578 et achevé en 1610 par Henri IV. Ce très beau pont est l'un des plus beaux de Paris (avec le pont Alexandre III qui a symbolisé l'amitié franco-russe, à l'époque où naissait la marque Confiseries Franco-Russes connue pour ses flancs) marquée par l'alliance entre ce tsar et le président français Sadi Carnot, assassiné tout comme Henri IV mais par un anarchiste quant à lui). Le Pont-neuf est important aussi parce qu'il a apporté plusieurs innovations. Il été le tout premier à traverser la Seine dans toute sa largeur (en enjambant l'île de la Cité) et à être équipé de trottoirs. Il a aussi été le premier pont non surmonté de maisons. Des peintures exposées au musée Carnavalet de Paris montrent en effet que les ponts étaient généralement surmontés de boutiques ne laissant qu'un étroit passage central. Marie de Médicis, la seconde femme d'Henri IV, a souhaité (dès 1605) y placer une statue équestre de son mari. Cette statue sera achevée quatre ans après la mort du roi (en 1614), détruite suite à la Révolution (en 1792) puis refaite au moment de la Restauration (en 1818).
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Il est impossible d'évoquer la figure d'Henri IV sans dire un mot de la fameuse poule au pot qu’il aurait promue sur toutes les tables du royaume de France. Au risque de provoquer une intense déception, je me dois de préciser qu'il s’agit vraisemblablement d’une légende puisque la première mention de la phrase attribuée à Henri IV (« Si Dieu me donne encore de la vie, je ferai qu'il n'y a pas de laboureur en mon royaume qui n'ait moyen d'avoir une poule dans son pot. ») date de 1661, (dans un ouvrage intitulé Histoire du Roy Henry le Grand, écrit par Hardouin de Péréfixe de Beaumont) soit 51 ans après sa mort et au début du règne de Louis XIV. Si Henri IV avait vraiment prononcé une phrase aussi marquante, il est raisonnable de penser qu'on en aurait retrouvé la trace bien avant cette date. Louis XVIII a, lui aussi, contribué à développer cette légende, pour donner une bonne image de la Restauration à travers son ancêtre plutôt populaire (a posteriori).
Quant à la fameuse devinette, « Quelle est la couleur du cheval blanc d'Henri IV ? », elle trouverait son origine dans une question malicieuse du roi au duc de Sully : « Quelle est la couleur du cheval Albe ? » Le roi, qui avait voulu nommer son cheval favori Albe (alba signifie « blanc » en latin) aurait rétorqué que son cheval n'était pas blanc mais gris, ce qui est confirmé par des gravures qui montrent une robe crème ou grise. Le cheval en question était d'ailleurs vraisemblablement un Barbe, appartement donc à une race élevée par les Berbères en Afrique du nord. Les cours royales européennes appréciaient généralement ce cheval depuis le Moyen Âge et en importaient beaucoup. Louis XIII appréciera par exemple de monter un Barbe. Autre explication au « cheval blanc » : Henri IV aimait draper son cheval de plumes blanches, tout comme son casque (pour pouvoir focaliser l'attention des troupes qu'il dirigeait lors des batailles), d'où sa célèbre phrase : « Ralliez-vous à mon panache blanc ! »